si la vie était bien faite
on n’aurait pas besoin
de ramasser les p’tits bouts de ceux qu’on aime

éparpillés par des années
d’abus et de traumatismes

on n’aurait pas besoin de récolter au creux de
nos paumes déchirées
les larmes de sang et les cris pétrifiés
les sourires décentrés
les yeux fermés brûlants
les orbites humides

on n’aurait pas besoin d’endosser notre uniforme
et de s’armer
pour s’assurer qu’ils ne tombent pas
encore plus creux
dans l’abîme de leurs souvenirs

on aurait pas la poitrine déchirée
à force de s’imaginer le pire

on n’aurait pas
le réflexe
de ressentir le pire

poing serré au creux d’une poitrine

exsangue