Si les abîmes n’étaient pas cruels, ils ne ressentiraient pas le besoin de manger tout cru le coeur encore chaud de celle qui tente encore de les comprendre. Ils se laisseraient apprivoiser gentiment, nourriture à la clé, petits mots doux susurrés alors que l’on y laisse tomber les morceaux de ceux qui méritent le plus d’y crever. De faire prélever les sections les plus ignobles de l’humanité. Par hasard des personnes à l’identité déterminées par leur surplus d’ego et de fierté leur déformant la vision. Toujours de ceux-là qui ne réfléchissent pas et dont tout importe moins que leur succès. Les abîmes se régaleraient et moi je me sentirais un peu mieux. Soulagée.

L’équilibre serait ainsi peut être restauré. La paix connaîtrait peut-être alors une croissance sans égal.

Si les abîmes n’étaient pas abjects, ils comprendraient que parfois on a seulement un peu envie d’y tremper le pied. Juste pour se sentir vivre, alors que la réalité des choses telles qu’elles sont dans le monde nous fait tourner le cerveau à l’envers. Une pause est toujours la bienvenue.

Si les abîmes n’étaient pas misanthropes, ils laisseraient parfois quelqu’un s’y glisser, juste pour quelques heures, le temps de se refaire une idée de ce que c’est, de repartir à zéro. Comme ça on éviterait peut-être d’avoir envie de mourir.