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Sous la terre froide se trouvait… Se trouvait quoi, au juste? Dean ne s’en souvenait plus. Pas plus qu’il ne savait s’il était un père de famille ayant subi un traumatisme crânien ou s’il s’était perdu en chemin pour laisser la place à un inconnu. Un inconnu en possession d’une boîte contenant deux pistolets, cinq passeports différents, six rouleaux de billets de six devises différentes et quatre téléphones portables scellés.
– À qui ça appartient, tout ça? s’exclama-t-il dans un souffle.
Progressivement, Dean perdait des fragments de lui-même. Il ne s’en rendait pas compte sur le coup, mais lorsqu’il tentait, par un exercice mental, de s’imaginer le visage de la petite Marlène, il lui était impossible de s’en souvenir. Avait-elle le visage plutôt rond ou en triangle? Avait-elle les mêmes yeux que son père, ou plutôt ceux de Charlie? Lui sautait-elle dans les bras à son arrivée chez lui, dans leur maison… appartement…? Ou est-ce que la fille qu’il avait n’était que le produit de son imagination?
Cette absence d’image l’effrayait. La perspective de se perdre à l’intérieur d’un corps qui lui était de plus en plus étranger l’empêchait de dormir et de fonctionner normalement. Qu’est-ce qui était en train de se passer? Était-il en train de développer de la sénilité précoce? Était-il schizophrène? Évidemment, il n’avait parlé de tout ça à personne, car il n’avait pas envie d’être enfermé pour être examiné. Il ne pouvait pas se le permettre; il avait encore tant de choses à accomplir. Encore le sentiment oppressant qui s’étendait dans sa poitrine…
Il lui fallait trouver la cause de ce mal qui l’envahissant peu à peu. Il ne voulait pas perdre ce qui lui restait de lui-même. Principalement pour Charlie et Marlène, mais aussi pour lui-même. Il était paralysé de terreur.
Il sentait… quelque chose prendre de l’expansion en lui. Quelque chose qui lui ordonnait de se laisser subvertir, de se laisser aller. De baisser sa garde. Dean avait de plus en plus de mal à ne pas succomber. Le double lui faisait miroiter une vie sans anxiété et sans tristesse. Un continuum d’ocytocine et d’endorphine sans avoir à fournir les efforts nécessaires à leur obtention.
Il n’avait qu’à laisser aller son âme. Son enveloppe de chair mortelle.